Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Ciné-tic

Ciné-tic

"Le cinéma, c'est un œil ouvert sur le monde"


Critique #19 : Chien enragé

Publié par Suzanne Astic sur 26 Août 2014, 17:00pm

Catégories : #Critiques

Librement inspiré de la Cité sans voile de Jules Dassin, Chien Enragé du prodige Kurosawa est indéniablement un sublime thriller, une oeuvre totalement personnelle et exclusive. 

Critique #19 : Chien enragé

      Voguant entre tradition et modernité dans un Japon d'après guerre, Kurosawa nous offre un fantastique polar, riche tant dans son fond que dans sa forme. Magnifiquement narrée, cette enquête mettant en scène deux flics charismatiques et un peu paumés nous emmène découvrir les travers d'une société hyper américanisée dans des séquences brillantes et quasi-documentaires. A travers des cadrages révolutionnaires, un montage superbement rythmé, une mise en scène somptueuse, le célèbre réalisateur japonais retranscrit à merveille l'ambiance tendue et fascinante d'un pays en pleine reconstruction. Un scénario solidement écrit et des acteurs talentueux donnent à ce chef d'oeuvre résolument novateur une épaisseur psychologique assez grandiose. Interprété par l'acteur fétiche de Kurosawa, Toshiro Mifune, le jeune policier Murakami se lance dans une quête éperdue de vérité et dans une lutte contre sa propre culpabilité. Un homme dévoué, aveuglé et incroyablement attachant auquel le public ne pourra que s’identifier tant il est criant d'humanité. Son collègue, incarné par Takashi Shimura, n'est pas en reste car son personnage est tout aussi intense et intéressant. Et c'est entre autre dans cette écriture fine de ses personnages que le film brille d'intelligence. Techniquement parlant, tout est exemplaire. Alternant burlesque et tragédie, cette fresque japonaise férocement juste offre une myriade de scènes d'anthologie, des courses poursuites cartoonesques, des séquences d'infiltration à couper le souffle et des dialogues plus que mémorables. Raffinement, délicatesse, volupté sont tant de noms qui peuvent définir le style de Kurosawa. Et il n'est pas étonnant de voir que le réalisateur a influencé plus d'un cinéaste. Scorsese, Gray ou encore Spielberg. De grands noms du cinéma contemporain marqués par cette oeuvre fascinante qu'est Chien Enragé. On retrouvera d'ailleurs dans tous les films du génial James Gray la question primordiale du Bien et du Mal et un traitement similaire à celui présent dans le long métrage de Kurosawa. Un fond magistral donc, mis en valeur par une réalisation classieuse qui n'a pas fini d’inspirer plus d'un cinéphile. Et Akira Kurosawa ajoute à son film une sensualité certaine, un romantisme savoureux et un final grandiose. Pour clore le tout, le noir et blanc rétro et la musique typique donnent un charme fou à ce trhiller unique et marquant.

 

 Chien Enragé est une oeuvre définitivement culte et immanquable, un bijou de tension où se mêlent en beauté noirceur de l'âme et espoir de l'homme.

On reste sans voix devant tant de génie.

Critique #19 : Chien enragéCritique #19 : Chien enragéCritique #19 : Chien enragé
Commenter cet article

Archives